Je crois que je peux comprendre ce que tu ressens, Delphine. Car même si en filles intelligentes on sait qu'on n'est pas responsables de ce qui est arrivé (tu ne t'es pas cognée le ventre jusqu'à avoir un hématome, je n'ai pas percé ma poche des eaux avec une aiguille à tricoter), ben au fond de nous, on se sent quand même responsables de ne pas avoir été des mères "normales" et de ne pas avoir su mener notre grossesse à terme. Alors même si on nous dira très raisonnablement que c'est notre corps qui a laché, je trouve quand même que mon corps c'est moi et que je suis donc responsable d'avoir envoyé mon bb 10 jours en néonat.
Ce sont des sentiments qu'on chasse, car on reste logique et on écoute toutes les gentilles phrases pour nous remonter le moral. Mais ça reste comme une blessure au fond de nous, impossible à cicatriser tout à fait.
Alors comment s'en sortir ? Tout simplement en regardant grandir nos bb, en se disant que tout compte fait ils n'ont pas l'air de souffrir. Ou en remerciant la médecine moderne de nous avoir maintenues en vie ainsi que nos bb. Il y a 30 ans, je serai morte en couches dès ma 1è grossesse, alors que maintenant j'ai 2 beaux garçons (moi qui voulait une famille nombreuse, je m'arrêterai quand même là).
C'est peut-être aussi à cause de cette "culpabilité mal placée" qu'on est plus louves que mères, qu'on veut à tout prix protéger nos tous petits de toute souffrance et qu'on gamberge tellement les premiers mois. On voudrait pouvoir se rattraper de cette grossesse malmenée et faire comprendre à nos bb qu'ils peuvent quand même compter sur nous.
Voilà, je crois que ce n'est ni tout à fait du baby blues, ni vraiment de la dépression, mais qqch entre les 2, qui nous accompagnera bien plus longtemps et ne nous quittera jamais tout à fait, mais avec lequel on apprendra à vivre, car nos bb vont nous y aider.
Quand je regarde mon aîné aujourd'hui, je me demande pourquoi je me suis tant tracassée pour son poids notamment, et pourquoi j'ai mis 2 mois à comprendre que j'étais une bonne mère et que ma grossesse écourtée ne l'avait pas traumatisé à vie. Et malgré tout je revis un peu ça pour mon 2è. En moins fort c'est vrai, mais la néonat je ne pourrai jamais l'oublier.
Bisous Delphine, et regarde pousser tes jolies petites fleurs, ça ira mieux.
Ririe