Merci, Fabienne, d’être sortie de l’ombre pour me faire part de tes impressions, de ton expérience et de tes questions.
Je te confirme qu’il n’y a pas d’erreur, tu as bien compris : la femme de mon père a 3 enfants et seulement 2 d’entre eux désirent être adoptés par mon père. L’aînée qui a 2 ans de plus que moi, reconnaît son père comme imparfait, mais elle estime qu’il est et restera son père quoiqu’il fasse. Elle le respecte pour ça. Je pense que c’est la seule qui m’ait un peu comprise et qui m’a le plus respecté. Elle a mis mon père à sa place, c’est le grand-père présent pour sa fille, la personne très proche sur laquelle elle peut compter en toutes circonstances et son père génétique existe, mais n’est pas présent. Elle ne le renie pas. Ses motivations personnelles ne m’ont pas été rapportées. (je précise à toutes fins utiles qu’elle a une très bonne situation professionnelle qui la met à l’abri du besoin, et qu’elle a un équilibre affectif : elle vient de se marier et est enceinte pour la 2ème fois).
Les 2 autres, la fille a 2 ans de moins que moi, 28 ans, et le garçon a 21 ans, refusent maintenant tout contact avec leur père. Pour eux, la solution de tous leurs maux est l’adoption. Comme si cela allait tout arranger d’un coup de baguette magique ! C’est un leurre. Ils vivent dans une hystérie collective familiale, ils préfèrent coller à leur phantasme de famille recomposée en se faisant adopter et continuer à imaginer que leur père génétique n’existe plus.
Je suis d’accord avec toi quand tu dis que mon père peut être considéré comme victime. Il est manipulé depuis des années. Tu as raison également quand tu dis que ma grand-mère essaie de garder un lien fort avec son fils dont elle est d’ailleurs privée depuis qu’ils sont mariés puisqu’elle les voit environ 3 fois par an et pas plus de 3 heures parce que sa femme a d’autres choses à faire. Incroyable !!!!
C’est drôle, parce que figure-toi que j’ai rendu visite à ma grand-mère il y a 2 jours pour lui faire une surprise pour son anniversaire. Je dois t’expliquer ce qu’il s’est passé : en fait, ma cousine a été très énervée d’apprendre que nous (petits-enfants et arrière-petits-enfants) n’étions pas invités à participer au repas d’anniversaire au resto pour ses 80 ans. Aussi, elle a pris l’initiative d’organiser une visite surprise à ma grand-mère, le lendemain de ses 80 ans avec ses 3 arrière-petits-enfants qui lui offrent chacun un bouquet de roses et nous deux représentant l’ensemble des petits-enfants lui remettant une grande corbeille de fleurs !
Ce fût un moment de bonheur perceptible, un bulle de bonheur que l’on garde pour soi pour la vie. Elle était tellement heureuse que j’aie crû qu’elle allait faire un malaise ! Ma grand-mère qui n’est pas d’un naturel expansif n’a pas arrêté de me remercier pour ce moment et pour notre visite. En fin d’après-midi, ma cousine a dû repartir et je suis restée en sa compagnie un moment de plus car je ne la vois pas très souvent. Ma grand-mère m’a dit que si nous n’étions pas invités à ce repas à cause de la femme de mon père, elle avait plutôt intérêt à être présente et à ne pas décliner l’invitation au dernier moment, comme elle le fait à son habitude.
C’est là qu’elle a voulu me reparler de toute cette histoire d’adoption. Elle était inquiète de savoir ce qu’allait faire mon père. Je l’ai rassurée en lui disant qu’il ne ferait rien à ce sujet sans que j’en sois d’accord. Elle m’a dit que si on lui demandait son avis, elle dirait haut et fort qu’elle n’est pas du tout d’accord avec ces adoptions, qu’ils n’étaient pas des « nom de famille de mon papa » et que quoiqu’ils fassent, ils ne le seraient jamais. Elle a rajouté que ce n’était pas leur rendre service que de leur laisser penser que c’était envisageable de la part de mon père. Elle m’a alors rappelé, que lorsqu’une fête a été organisée pour regrouper tous les membres de la famille portant notre nom, sa femme n’a pas daigné se déplacer pour faire partie de la fête et a laissé mon père venir seul. Elle m’a dit qu’elle n’avait pas bien pris non plus son absence lors de mon mariage qui a rendu son fils si triste en des moments où il aurait dû être le plus heureux des papas. Dommage pour lui… Elle m’a dit textuellement qu’elle ne comprenait pas la réaction qu’avait eu sa femme par rapport à cette histoire, et qu’elle ne l’approuvait pas.
Elle m’a donné ainsi tout son soutien et tu ne peux pas savoir comme j’avais besoin de l’entendre ; ça semble idiot de vouloir entendre des choses évidentes, comme « tu fais vraiment partie de notre famille » ou « nous te comprenons ». Ca m’a fait un bien rare. Je crois que le travail sur moi que je fais depuis le début de cette histoire commence à porter ses fruits. Je suis capable d’aborder le sujet calmement.
Tu sais, mes relations avec ma grand-mère paternelle ont toujours été distantes depuis le divorce de mes parents et je crois que depuis cette histoire, nous n’avons jamais été aussi intimes. Je ne fermerai jamais ma porte, ni à mon père, ni à ma grand-mère, ni par extension, à ma famille paternelle. Mais, je ne suis plus dans l’attente de leur coup de fil, de leurs invitations. J’essaie de vivre ma vie, sans penser aux regards qu’ils posent sur moi et à leur éventuel jugement. Je leur rends visite quand j’en éprouve le besoin.
Je me sens libre maintenant. C’est dingue, non ?
Je vais avoir rendez-vous très prochainement avec un avocat pour savoir ce qu’une éventuelle adoption entraînerait comme conséquences pour moi et mes proches. Au moins, je saurai à quoi m’en tenir. On ne pourra plus me raconter d’âneries, d’histoires à dormir debout… Du style, ça ne change rien à rien, ni pour ton père, ni pour toi, que mes enfants soient adoptés par ton père, … J’aurai du répondant.
Je vous tiens au courant, les filles. Merci pour vos interventions qui me font avancer…
J’ai toujours du courage lorsque mon regard croise le sourire de fille.
Je vous fais de gros bisous à toutes et merci pour votre soutien et votre discernement.
Carine