Voici une histoire d'amour sensuelle et passionnée qui se transformera en duel implacable et fiévreux sous le soleil ardent de l'été.
C'est le quatrième roman de cette journaliste : dans ce duel au soleil, fiévreux et énigmatique, elle montre une nouvelle fois son talent de romancière, son habilité à s'immiscer dans l'intimité d'un couple au bord du précipice, sa subtilité à exprimer toutes les couleurs et les hésitations de l'âme humaine.
Les heures chaudes de Annie Lemoine
14€ chez Flammarion.
Extraits:
:arrow: "Il revoit le geste. La main sur le chapeau pour éviter qu'il ne s'envole, le ruban jaune brillant qui flotte au vent, les cheveux noirs qui l'accompagnent, et ce bleu, ce bleu assourdissant qui engloutit ses souvenirs, comme une traînée de lave qui grille tout sur son passage, un bleu de lave qui n'existe pas et qui, pourtant, martyrise sa mémoire, le prive des jours vécus, heureux, au bord de la Méditerranée. Rien ne lui est donné en échange, on dirait du temps dormi, avec des rêves de voile fragile qui se déchirent sitôt qu'on les attrape. Au genou droit, son pantalon de velours fin laisse entrevoir une peau brunie. Il ne sait plus d'où vient l'accroc, chute, bagarre, usure, peut-être les trois à la fois. De sa mémoire naufragée, désormais, n'émerge plus qu'un seul visage, celui d'une femme ordinaire, passe-partout, que l'on peut confondre avec n'importe quelle autre femme..."
:arrow: Ce n'est que bien plus tard, à la fin de l'après-midi, que, par excès de confiance ou d'impatience, cela restait à déterminer, il avait finalement interrompu un échange de paroles banales sur le canapé blanc du salon, sa langue avait forcé le passage.
:arrow: Elle s'était laissée faire et il avait noté deux choses. La première, encourageante, le peu de résistance qu'elle offrait. La seconde, déconcertante, son absence totale d'initiative.
Puis, se prenant au jeu, comme elle aurait vraisemblablement pu s'y laisser prendre avec quelqu'un d'autre, elle s'était levée et avait dit d'un ton neutre : «On va dans la chambre ?»
Sur le moment, la phrase lui avait paru douce, sans ambiguïté.
:arrow: L'amour avait été fait, plutôt mal, de façon violente. Elle avait d'abord refusé, protesté, «Je n'ai pas envie, pas comme ça», essayé de s'opposer à la dérive de ses gestes devenus de plus en plus brutaux, supplié aussi. Très vite vaincue par sa puissance physique, elle avait subi, résignée, allant jusqu'à lui prêter son corps pour qu'il soit le moins abîmé possible.
:arrow: Elle le sentait capable de pulvériser tout ce qui ferait obstacle à son désir.
Maintenant, elle avait hâte qu'il en finisse, il semblait se complaire à prolonger une scène digne d'une chambre d'hôtel un peu glauque, quelque part près d'un port. L'idée lui faisait horreur.