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Pensez-vous qu'on puisse être serein par rapport à la mort ?

Cilouna

Modé-Animatrice
Membre du personnel
#6
Re : Pensez-vous qu'on puisse être serein par rapport à la mort ?

Wawat,

Question et débat interessant. Déjà, je voulais reprendre la fin de ton message : on a l'impression que tu culpabilises ( ou du moins tu t'interroges) sur le fait qu'être serein devant la mort de quelqu'un reflète une indifférence ou une insensibilité. Tu n'avais pas pleuré lors de la mort de ton père, tu ne pleureras certainement pas à la mort de cette amie, mais cela ne fait pas de toi une personne insensible...Enfin peut-être que c'est justement parce que tu as accepté et que tu comprends et que tu sais que c'est ce qu'il y avait de mieux pour eux.

La sérénité n'est possible que s'il y a acceptation. Parfois elle peut venir plus tard et c'est aussi le but du travail du deuil qui peut être un processus plus ou moins long : l'étape finale dans le travail de deuil, c'est bel et bien accepter l'absence de l'Autre, accepter et pas se résigner, accepter et donc être en paix...Et cela vaut aussi pour celui qui sait sa mort imminente : on est serein face à sa mort quand on réalise, comme dans le cas de ton amie, que vivre est devenu un calvaire, que mourir serait une délivrance. On part sans regret. Personnellement, est ce que je serai sereine face à ma mort? Eh bien evidemment, on ne peut pas savoir mais j'imagine que le travail est long. Quand on est touché par une maladie grave et qu'on se sait condamné, j'imagine qu'il y a beaucoup de colère et de révolte au début. La colère que tout s'arrête alors qu'on ne souhaite que vivre pour voir grandir ses enfants, pour voir ce qu'ils vont devenir, pour continuer à aimer, rire, pleurer...C'est sûr qu'au début, on ne peut pas être serein, mais c'est aussi le travail de tout accompagnant auprès des personnes en fin de vie et aussi je pense que la sérénité de la personne qui va mourir est conditionnée par la manière dont les proches réagissent à sa mort qui va venir. Euh...je sais pas si c'est clair mes réflexions? En gros, partir en paix pour que ceux qui restent soient en paix mais aussi et surtout être en paix dans la mesure du possible devant la personne qui va partir pour l'aider à partir en paix...

Bon courage Wawat...

 
W

Wawat

Guest
#7
Re : Pensez-vous qu'on puisse être serein par rapport à la mort ?

Juste un petit mot pour vous remercier de vos réactions. Elle m'aide à réfléchir sur moi-même...

Chips, le douloureux parcours de ton papa en fin de vie m'a montré une image bien différentes des soins palliatifs que celle que j'avais conservé de reportages sur le sujet que j'avais vu à la TV... où on a tendance a occulter la douleur morale et la "déchéance" physique.

Emanymtom, tu m'a fait découvrir indirectement que l'euthanasie active n'était pas autorisée en France. Et, comme pour l'avortement, je trouve que ce sont des sujets qui relèvent de l'éthique individuelle en tenant des conditions de vie des parties intéressées au moment où le problème se pose. Il faut un cadre pour éviter les dérives mais il faut pouvoir entendre le choix de fin de vie de chacun. Il y a quelques semaines, une cousine d'un ami âgée de 32 ans et soignée depuis de longs mois pour une leucémie est arrivée au bout du rouleau au cours d'un traitement dans un hôpital universitaire. Elle s'est débranchée, est montée sur le toit de l'hôpital et s'est jetée dans le vide... Plus d'un mois après, se mère ne veut rencontrer personne et se terre chez elle car, en plus du décès de sa fille, elle doit gérer l'immense solitude et l'incompréhension qui font qu'elle a du choisir une méthode particulièrement brutale pour mettre fin à ses douleurs... Aussi, pour notre amie et pour toutes les autres que nous aurons à accompagner dans ces moments, je crois qu'il faut pouvoir entendre leur demande.

Pour notre amie, c'est fini, elle est passée comme dit son mari. En fait, on m'a raconté que, lors d'une euthanasie, on injecte un produit qui agit progressivement, la personne s'endort et meurt quelques temps après, dans les heures qui suivent et, comme elle n'a pas souffert, ses traits sont particulièrement détendus. Ca ne ressemble pas à une exécution de prisonnier dans une prison américaine, loin de là...
 

Mumu

Moderator
Membre du personnel
#8
Re : Pensez-vous qu'on puisse être serein par rapport à la mort ?

J'avoue que c'est un sujet assez délicat pour moi. J'ai vu ma belle mère en soins palliatifs, avec le personnel qui a "accéléré" son départ (sous alimentée par perf, sur shootée à la morphine), et j'ai encore du mal à faire le tri.

Personnellement, à froid, je dirais que je serais partisane du jusqu'au boutisme, accro à la vie. Mais comment savoir comment on peut réagir dans ce genre de circonstances ?
 

emanymton

dents vous avez dit dents
#9
Re : Pensez-vous qu'on puisse être serein par rapport à la mort ?

Douce pensée pour ton amie.

En effet mourir dans la dignité n'est pas autorisée même si elle est pratiquée quand même dans l'ombre mais c'est dommage de devoir se cacher encore plus devoir se suicider. On nous donne l'envi de vivre dans la dignité et pourquoi pas mourir, car la mort fait aussi parti de la vie. Ce n'est pas une exécution.
Après chacun ses choix, ils doivent être murement réfléchis, cadrés, légiférés.

Courage à vous et sa famille.
Ema
 

briandhuet

Modé-Animatrice
Membre du personnel
#10
Re : Pensez-vous qu'on puisse être serein par rapport à la mort ?

C'est un sujet qui me touche beaucoup. Comme le savent certaines d'entre vous mon père ne va pas bien.
Ma petite soeur me disait "je ne sais pas pourquoi mais je prends les choses avec beaucoup de détachement, sans angoisse, comme si ça m'était égal". Pour moi c'est un réflexe de défense. J'ai eu la même absence de réaction lorsque Tom avait été hospitalisé avec une grosse infection dont on ne connaissait pas la source. Au final ça n'était qu'une infection urinaire, mais pendant tout le process de diagnostic j'étais très détachée. Prise de sang, ponction lombaire, pose de voix veineuse dans la tête, radio etc ne me faisaient ni chaud ni froid. Je me suis mise à l'abri dans une bulle et je faisais ce qu'il y avait à faire. C'est après que l'on a un contre coup.
Quand on est face à un décès, on peut avoir toute une palette de réactions. Et lorsque ce décès fait suite à une longue maladie, parfois on a fait le travail de deuil avant, comme le disait très justement Cilouna. Surtout si la personne qui s'en va a elle-même fait ce chemin. Ma tante est décédée au bout de longues années de lutte contre un cancer, ou plutôt de vie avec un cancer. Elle était pleine d'allant et de projets. Et puis elle a passé une phase et est passée de l'autre côté, là où on ne se bat plus et où on prépare sa sortie. Elle était prête quand elle est partie. Du coup j'ai été triste évidemment mais sereine. Elle avait fait son chemin, plus court que d'autres mais c'était le sien et il s'arrêtait là.
Lorsque mon père est tombé malade j'appréhendais surtout sa réaction à lui. J'avais peur qu'il soit angoissé, révolté, dans la colère. J'aurais eu beaucoup de mal à être à la hauteur je crois. Pour le moment il accepte les choses comme elles viennent, s'agaçant parfois un peu des difficultés de vie qui lui sont tombées dessus d'un coup mais globalement il est très calme. C'est beaucoup plus facile à gérer pour nous mais en même temps ça lui ressemble si peu que j'ai l'impression de l'avoir déjà perdu en partie....