L’âge, première cause de stérilité
Chaque jour, les gynécologues sont confrontés à une réalité : de plus en plus de femmes se décident trop tard à faire un enfant. On ne le sait pas, ou on préfère l’oublier : l’âge est la première cause de stérilité dans nos sociétés.
L’âge de la première grossesse est passé, en quelques années, de 25 à 30 ans. Lors du congrès "Femmes et médecine" qui s’est déroulé à Issy-les-Moulineaux, Joëlle Belaisch-Allart, gynécologue à l’hôpital de Sèvres, lançait un cri d’alarme : "Les bébés de la quarantaine font la une des journaux. Pendant ce temps, combien de nos patientes de 38 ans souhaitent, en vain, avoir un enfant ?
Mais ces laissées-pour-compte de la maternité, on n’en parle jamais. Et pour cause, nous vivons dans une société où tout concourt à pousser les femmes à retarder le moment de faire un enfant : des études plus longues à la dévalorisation des mères -même si elle est niée- dans le monde du travail (il vaut mieux être bien installée dans sa carrière avant de se lancer à faire un bébé), en passant par la difficulté à trouver des systèmes de garde. Et puis il faut bien sûr compter avec le temps de rencontre de l’homme de sa vie, celui dont on a envie qu’il soit le père de ses enfants." Bref, tout se conjugue pour aggraver le mal.
Même les médecins ont des difficultés à faire passer le message, à dire aux femmes qui viennent les consulter qu’après 30 ans, il devient moins simple de faire un enfant, et que si elles hésitent cinq ans de plus, ce ne le sera plus du tout : entre 35 et 42 ans, la fertilité baisse de 50% !
Alors à qui la faute ? A une société qui voudrait bien avoir des enfants, mais qui, pour autant, n’accepte pas que les femmes deviennent des mères ? Aux femmes, elles-mêmes, qui n’en finissent pas de différer leur désir d’enfant ? Aux gynécologues qui, par pudeur, n’osent pas s’immiscer dans la vie des couples ? (…)
" Or, on a fait un tel battage autour de la Procréation médicalement assistée, dit le Dr François Olivennes, médecin à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart, que les femmes croient qu’elles peuvent faire, sans rencontrer de problèmes, des enfants jusqu’à la ménopause. Et même au-delà !"
Il n’est pourtant rien de plus faux. Un enfant, ça n’est pas "si je veux, quand je veux", mais "si je veux, quand je peux". »