Re : Débat laïcité et Islam
Ah puisque vous êtes d'accord, je vais te répondre Oummi.
Moi aussi je parle de ce que je vis et vois quotidiennement dans ma ville.
Quand tu parles de l'intégration d'une famille qui est la seule d'origine étrangère dans une ville, ça ne me surprend pas du tout. Même la branche la plus raciste de ma famille a adopté mon mari et mes enfants qui sont bronzés toute l'année. Il me semble qu'il est beaucoup plus facile d'intégrer quelques familles dans un groupe que d'avoir des concentrations comme on en a à Molen^beek.
J'ai recherché des statistiques sur la population belge et un sociologue estime la population musulmane dans ma commune (chiffre de 2005) à près de 50 % des habitants (plus de 34.000...) et là je trouve que ça devient important d'avoir des règles claires qui protègent les valeurs de la laïcité car nous pourrions avoir une commune dirigée par des élus musulmans qui risqueraient de changer les règles de notre vie en communauté. C'est un risque, pas une certitude bien sûr. Mais moi, ça m'inquiète.
Ce qui m'inquiète aussi dans la création de ghetto, c'est qu'il risque de se refermer de plus en plus et qu'il risque d'y avoir beaucoup de jeunes qui auront encore plus de mal à s'en sortir.
Une anecdote: le service pédagogique de la commune est située sur le place où se tient un grand marché le jeudi matin. Les deux conseillères pédagogiques qui accueillent les candidates institutrices m'ont dit que si ces demoiselles venaient chercher les formulaires à remplir un jour de marché, elles ne posaient jamais leur candidature tellement la foule bigarrée et l'impression générale du marché étaient déconcertantes pour quelqu'un qui vient d'ailleurs.
Tu parles de ton vécu de Bxl et je me souvenais que tu avais un frère habitant en Belgique et c'est vrai que la situation est très différente dans d'autres parties de Bxl.
Autre anecdote: nous cherchons une école secondaire pour notre gamin et sommes convaincus qu'il est temps de le sortir du quartier. Nous avons été visité une école de bonne réputation à tout point de vue située à une quinzaine de minutes en métro. Parmi la centaine de parents présents pour le speach du préfet, il n'y avait aucune personne "de couleur" (à part mon mari et notre fils, bien sûr) eh bien je n'étais pas du tout à l'aise dans cet environnement fort bourgeois où les enfants veulent tous devenir notaire ou médecin. Mais dans l'école des petits, à la sortie des classes ou lors des remises de prix, il y a une telle majorité de dames voilées que je me sens tout aussi mal à l'aise.
Sans doute que dans d'autres religions, on trouve aussi toutes sortes de choses heurtantes car il me semble que c'est le propre des religions de vouloir régimenter la vie des fidèles en leur imposant toutes sortes de règles qui ne sont pas "naturelles".
Mais, il me semble que ce qui fait peur avec la religion musulmane, c'est que les familles ont souvent beaucoup d'enfants et donc que le nombre de pratiquants augmentent plus vite que le nombre de non-musulmans. Du coup, certains belges ou français "de souche" se sentent menacés sur leur propre territoire.
Il me semble que les migrants précédents (italiens, polonais ou autres) étaient souvent catholiques d'origine et que la vie en société en était facilitée parce qu'il y avait des codes communs entre les anciens et les nouveaux.
Maintenant, je suis d'accord pour dire que le débat est un peu vain, parce que l'on ne fera pas marche arrière, nous sommes "condamnés" au multiculturalisme... même sur le terrain, on en est très très loin.
Dernière anecdote: nous avons assisté le We passé à un concert donné par les profs de l'académie. Dans la salle (pourtant située dans la partie les plus multiculturelle), il n'y avait pas une femme voilée et très très peu de gens colorés (à part mes enfants, bien sûr et quelques autres personnes, le plus souvent "noires"). En début de seconde partie, la commune avait "exigé" qu'il y aie un groupe de musiciens d'origine marocaine. Le groupe s'est finalement produit dehors, pendant l'entracte. Une bonne trentaine de personnes n'ont pas voulu écouter le groupe et sont retournées s'enfermer dans la salle de spectacle où elles ont attendu pendant une bonne vingtaine de minutes la fin de la prestation du groupe marocain. J'ai entendu plusieurs personnes se plaindre de l'obligation qui avait été faite d'intégrer se groupe et certains voulaient les faire taire car les spectateurs allaient partir avant la fin du spectacle. Tout ça pour illustrer que les différentes communautés vivent en parallèle et ne sont pas curieuses de se découvrir.
Beau programme pour l'école, non ? Mais encore faudrait-il que les différentes communautés aient l'occasion de s'y cotoyer....
