Je te comprends très bien et je crois que c'est normal et sain de se poser ces questions.
Dans mon cas, c'est moi qui suis en mauvaise santé, avec en plus pas mal de précarité professionnelle et matérielle...sans parler du monde tel qu'il évolue (compétition, individualisme, violence, pollution...).
Je pense aussi, comme toi, que notre enfant n'aura peut-être pas une vie très rose et je culpabilise déjà alors qu'il n'est même pas né !
Mais moi, malgré mes difficultés, je suis heureuse de vivre, si j'avais le choix, je choisirais de naître à nouveau, même dans ce monde imparfait.
Les soucis permettent aussi de relativiser, et d'apprécier d'autant plus l'essentiel.
Autour de moi, certains enfants ont tout et même plus, et bien je trouve parfois qu'ils se comportent comme de petits rois pourris-gâtés assez désolants. Je ne suis pas sûre que leurs parents leur rendent bien service en les protégeant à ce point (même si c'est bien normal de vouloir donner le meilleur à ses enfants).
Juste un exemple d'une petite fille chez les parents de qui je prenais le petit déjeuner l'autre jour, et qui sont très "famille idéale" genre "on n'attend plus que l'ami Ricoré": cette petite fille faisait un drame parce qu'il n'y avait plus de pain complet, alors qu'il y avait du pain blanc, de la baguette, des toasts, de la brioche, plusieurs sortes de céréales, des fruits, du jus de fruits, du lait, du chocolat, du thé...en plus on déjeunait dehors, au soleil, le pied quoi ! ben non, elle, elle voulait juste ce qu'il n'y avait pas, et c'était dramatique...Et sa mère qui se confondait en excuses parce qu'elle n'avait pas fait assez de courses...
Les enfants de cette famille m'ont fait plusieurs fois des réflexions désagréables parce que je ne suis pas en bonne santé et pas riche, et que je ne vais pas à la messe (c'est une famille très catho), etc.
Bonjour l'ouverture d'esprit !
Quand ils seront adultes, que deviendront-ils ? Si tout va bien pour eux, individualistes et arrogants, j'en ai bien peur. Si tout ne va pas bien (problèmes de santé, de travail, de couple...), j'ai bien peur qu'ils ne soient pas préparés et s'effondrent. En fait, ça fait de jolis petits égos tout gros et tout vides !
Moi mon enfant, il sera heureux d'avoir quelque chose dans son assiette et un toit au-dessus de sa tête, des parents qui l'aiment, une maman peut-être malade mais qui sera là pour lui faire des câlins, l'écouter, lui raconter des histoires...Il saura qu'on peut être heureux malgré les difficultés, grâce au partage, à la solidarité, que la vraie richesse, c'est d'être capable de ça...
Quant au monde tel qu'il va, la génération de nos enfants, représente une inquiétude, certes, mais aussi un grand espoir. Ce sont eux qui trouveront les solutions écologiques, économiques et humaines pour que le monde continue à être vivable.
Je l'espère en tout cas, j'ai envie de leur faire confiance !