Bon je vais peut-être choquer les "césarisées" comme Ema par exemple, je m'en excuse par avance. Mais autant j'ai souvent dit et répété que la peur de l'accouchement surtout pour un premier bébé est dûe à une mauvaise préparation et à la trouille, donc j'avoue qu'une césarienne de convenance sur une femme primipare me semble une TRES MAUVAISE IDEE, autant je l'ai envisagée trés sérieusement et demandée me concernant.
Je m'explique: J'en suis à ma huitième grossesse, j'attends mes 5ème et 6ème enfants (jumeaux). Tous sont nés par voie basse, et les 3 derniers sur des accouchements déclenchés, sans péridurale (c'est pas un choix, c'est une obligation, problème de colonne).
Le premier accouchement a duré 14h, sous péri les 10 dernières heures, fini aux forceps parce que la sage femme de garde a refusé de me césariser (elle en avait déjà "fait deux" le jour là, comprenez qu'elle avait assisté deux gynécos sur des césars). Une boucherie, les complications je vous les passe, mais en gros il en est resté un col béant, une épisio monstrueusement mal recousue (à la hussarde dixit mon gynéco actuel) des vertèbres déplacées et l'impossibilité à vie de bénéficier d'une autre péridurale.
Le deuxième bébé : accouchement déclenché pour macrosomie, durée 5h40, dont 1h d'essais infructueux de pose de péri (8 au total) des douleurs dans les reins aggravées par la perf d'ocytocine, et une terreur sans nom de revivre les forceps tout du long. Episio (recousue impeccablement) et finalement une Anesthésie Générale puisque morceaux de placenta pas sortis.
Le troisième ; accouchement déclenché pour macrosomie, durée 2h15 (le meilleur selon moi) pas demandé la péri parce que hantée par les douleurs qu'avaient entrainé les essais pour BB2, douleurs dans les reins, mais relativement zen. Déchirure (recousue parfaitement) et AG puisque pas de délivrance donc il a fallu aller pêcher le placenta.
Le quatrième : accouchement déclenché pour macrosomie, durée 3h50, pas de péri demandée non plus, douleurs intenses et expulsion à 8cm de dilatation parce que le coeur de ma fille fatiguait et poussait sur un col pas encore dilaté. La sage femme a élargi mon col aux doigts pour la laisser passer, je vous laisse apprécier. Bien sûr, toujours pas de délivrance donc AG pour la délivrance artificielle. Quand à ma fille, la voie basse ne lui a pas réussi non plus, née tête en l'air au lieu de regardant par terre, ses poumons se sont emplis de liquide amniotique, qu'ils n'ont pas réussi à évacuer malgré tous les sondages et lavages qu'on lui a fait donc 10 jours en néonat sous oxygène et antibiotiques dés son deuxième jour de vie pour infection pulmonaire carabinée. Les vertus de la voie basse et de son essorage repasseront sur ce coup-là...
Alors là j'attends des jumeaux, qui sont parait ils déjà respectables niveau taille, qui sont en transverse et à priori dans le meilleur des cas l'un des deux sera en siège, je ne peux toujours pas avoir de péri. Un utérus aussi distendu se contracte moins bien, il faut le savoir, et donc accouchement plus long en général.
Alors je choque, mais oui je demande la césarienne. Parce que j'en ai marre de souffrir comme une bête, et mon mari aussi en a marre de me voir serrer les dents sans lâcher un mot à tel point qu'il m'a dit qu'en cas d'accouchement par voie basse cette fois il ne viendra pas assister alors que je sais qu'il a adoré voir ses précédents enfants dés leur sortie et couper le cordon, etc. Mais il ne supporte plus de me voir endurer ça. Et pourtant Dieu sait que je ne me plains pas, ne hurle pas, ne gémis même pas. Je serre les dents, je souffle, je respire. Mais là j'ai ma dose. Je veux pouvoir penser arriver à la maternité pour leur naissance sans serrer les fesses comme si on allait m'ouvrir les entrailles. Ce sont les derniers que j'aurai de ma vie, et je prétends y avoir droit. Mon gynéco est pourtant pas chaud, il n'a pas encore dit oui même si comme j'ai demandé la ligature des trompes en même temps il est plutôt pour, mais il m'a prévenue que si les deux se mettent tête en bas ce sera voie basse.
C'est super de donner naissance à ses enfants, ce sont des moments extraordinaires, je suis la première à le reconnaitre, mais quand ça devient synonyme d'une souffrance telle, et là je ne peux pas dire que je n'y suis pas préparée, loin de là sinon je n'aurai jamais eu autant d'enfants, je pense qu'on doit aussi savoir écouter le voeu d'une femme de ne plus souffrir.
Je sais ce que vous allez me dire: une césarienne et en plus sous anesthésie générale, t'as pas idée. Non probablement pas. Mais je prends le risque. Nous en avons beaucoup parlé avec mon mari, et sommes tombés d'accord sur tout. J'ai déjà subi une grosse intervention de 3h sur l'abdomen en 2000 par celioscopie (5 cicatrices), je sais donc ce que ça donne au réveil, les douleurs quand le transit reprend, etc. J'ai subi également sur les dernières années 6 anesthésies générales 3 pour cerclages et 3 autres pour révision utérine ou délivrances artificielles, je sais donc ce que c'est la salle de réveil, l'estomac au bord des lèvres. Mais je persiste et je signe. Si je le peux, je demanderai à bénéficier de la césarienne cette fois-ci. Et j'en accepte sciemment les risques. Mais c'est mon cas, ma vision des choses appliquée à moi-même. Je ne dis pas que ça doit devenir une règle, et même si je sais que la clinique voisine accepte les césariennes demandées par les patientes systématiquement, (plusieurs de mes amies y sont passées) je ne vais pas m'y ruer si mon gynéco me la refuse. Parce que je lui fais confiance, même si je le maudis quand je l'entends me dire que "le passage est plus que fait maintenant"
Voilà c'était le point de vue dissident du jour :wink: