Je ne te connais pas mais j'ai de la peine pour toi car ton histoire me rappelle un peu la mienne. Je ne sais que te dire pour t'aider alors je vais te parler de moi et peut être cela t'aidera-t-il un peu ?
J'ai 31 ans. Il y a une quinzaine d'années, j'ai subit des attouchements sexuels de la part de celui qui allait devenir mon beau-père. Cela a duré qq années, jusqu'au jour où ma mère a appris que je séchais les cours. Ce jour là, nous avons eu une grande discussion. Je ne m'étais jamais sentie aussi proche de ma mère. Le même jour, elle a eu une discussion avec cet homme que nous connaissions très bien puisqu'il m'avait pour ainsi dire vu naître. Il s'agissait du meilleur ami de mon père !
Après cet "incident", tout a repris son cours normal. Ma mère m'a simplement expliqué qu'elle était en affaire avec cet homme (ils montaient un commerce ensemble) et qu'elle ne pouvait pas couper les liens du jour au lendemain. Et moi, du haut de mes 15 ans, j'ai tout avalé. Le principal étant de ne plus l'avoir sur le dos, lui ! Puis quelques mois plus tard, mon père me prend à part pour m'expliquer que dans une basse-court, il ne peut y avoir deux coqs, qu'il doit donc partir et me laisser seule avec ma mère et cet homme. Dès ce moment-là, j'ai perdu pied. Je me sentais violée de nouveau. Comment mon père sachant ce qui s'était passé pouvait me laisser avec lui ? Comment ma mère avait-elle pu me regarder en face ce jour là alors qu'elle ne pensait qu'à rejoindre cette ordure au lit ? Ce jour-là, j'ai découvert que personne ne m'avait cru. Je me sentais trahie, salie, nulle, stupide, inexistante... J'ai mis des années à me relever. Un mur s'était dressé entre mes parents et moi. Ma famille me prenait pour une folle. A 17 ans, j'ai fait une tentative de suicide. Je n'allais plus en cours car j'avais peur du monde extérieur. Je restais enfermée dans ma chambre et je ne parlais à personne. Quand je parlais à qqn, c'était pour l'invectiver. Je ne me supportais plus, je ne supportais plus les gens. Et puis un jour, à 19 ans, j'ai rencontré celui qui allait devenir mon mari. Nos débuts ne furent pas évidents puisque je ne supportais pas d'être toucher. Mais grâce à lui, aujourd'hui je vis. Il m'a appris à m'aimer, à avoir confiance en moi, à regarder le monde avec d'autres yeux. Grâce à lui, j'ai appris à parler de mon pb et à vivre avec.
Je n'oublierai jamais ce qui s'est passé et même dans mon quotidien, cela me touche encore parfois. Mais aujourd'hui, je me sens forte. J'ai mûri et j'aime la vie. Mes parents font comme si de rien n'était et moi aussi. Peut être un jour ressentirai-je le besoin de crever l'abcès mais pour le moment, je suis bien ainsi. Depuis que je suis mère, j'ai découvert que mes parents m'aimaient aussi. C'est simplement qu'ils m'aiment à leurs façons. Mon père est froid et ma mère égoïste mais ce sont mes parents et les grands-parents de mes fils. Comme on dit, on choisit ses amis mais pas sa famille ! Et puis ma mère vit à l'étranger et on ne se voit qu'une fois par an. Alors, ces qq jours par an, je prends sur moi et j'essaye de faire en sorte que ça se passe au mieux. Quant à mon père, j'ai appris à lui pardonner car au final, il a aussi souffert que moi dans cette affaire.
C'est vrai qu'en qq sorte, j'ai eu plus de chance que toi. Tout ce que je voulais te montrer, c'est qu'on peut toujours s'en sortir. Il suffit de le vouloir et de s'adresser aux bonnes personnes. J'ai pour ma part un conjoint formidable mais j'ai aussi fait appel à des associations. Je me suis fait des amis dans un premier temps par mon mari puis par la suite, par moi-même. Mais pour arriver là où j'en suis, j'ai du commencer par apprendre à m'aimer moi et à aimer les gens. Ces derniers ne pourront réellement t'apprécier que le jour où tu te regarderas différemment.
Je te fais des grosses bises et te souhaite beaucoup de courage. Nyny