Vendredi 9 decembre 2005 : DPA.
Dimanche 18 decembre : 18h - decollement des membrane. Col ouvert a 1 cm. Apres depart de la sage-femme, saignements (sang seche), perte du bouchon muqueux, et contractions non douloureuses toutes les 4 minutes qui ont dure toute la nuit.
Lundi 19 decembre : En fin d’apres-midi, retour des contractions regulieres, toujours non douloureuses, toutes les 4 minutes. Toujours des saignements, de sang un peu plus rose que la veille. Tres mal aux reins. Impossible de rester trop longtemps allongee. Je n’arrive pas a dormir, je prends un bain au milieu de la nuit, mais les contractions sont toujours la. Toujours aucune douleur dans le ventre.
Mardi 20 decembre : Matin : les contractions sont toujours la, le mal de dos est un peu passe. Douleurs de regles toute la matinee, puis en fin de matinee, j’appelle la mater pour leur demander quoi faire. On me dit d’attendre d’avoir des contractions douloureuses toutes les 5 minutes pendant une heure (ca faisait des heures que j’en avais toutes les 4 minutes ! Mais toujours pas vraiment mal a part une douleur de regles de plus en plus presente).
Apres-midi : les douleurs se font plus presentes. J’appelle la mater, plus parce que j’aimerais que l’on examine mon col que parce que ca me fait mal. Ils me disent d’aller les voir si j’en ai envie, au risque de me faire renvoyer chez moi si le travail n’est pas assez avance. On se prepare, puis de l’etage, j’entends que le ton monte entre mon mari et ma mere. Je voulais que ma mere vienne avec nous a l’hopital et attende dans la salle d’attente (c’est son premier petit enfant), il ne voulait pas l’emmener. Je me retrouve a appeler 999 et demander une ambulance pour leur demander de venir me chercher car mon mari refuse de conduire si ma mere monte dans la voiture. L’ambulance arrive, mais finalement mon mari accepte que ma mere nous accompagne, et on part enfin a la mater. Une bonne engueulade pendant les contractions, un mari egoiste qui croit que ses besoins passent avant ceux de sa femme qui accouche, y a que ca de vrai !
17h : a la mater. Monito, col ouvert entre 1 et 2 cm (rappelez-vous, j’en etais deja 1 lors de mon decollement deux jours avant…). Les contractions sont toujours la, toujours regulieres, mais je ne les sens plus. A 19h, on me renvoie chez moi en me disant que le travail a bien commence, mais je ne suis pas assez dilatee, je serai mieux a la maison. On me dit que je n’aurai definitivement pas besoin du declenchement prevu pour le 22 ! Dans la voiture, sur le chemin du retour, la douleur revient. Je me demande pourquoi ces cons-la m’ont renvoyee a la maison alors que je suis en train d’accoucher. J’essaie de gerer la douleur comme je peux a la maison, je me concentre sur ma respiration, et j’ai voulu prendre un bain en revenant de la mater – manque de bol, c’est ce jour-la que le chauffe-eau decide de retomber en panne, et pas d’eau chaude. J’en peux plus, je demande a mon mari de rappeler l’hopital, et on y retourne. Avec maman. J’ai envie de vomir sur le chemin, les contractions me font trop mal, on s’arrete sur le parking d’un pub en route pour que je prenne un peu l’air. Je crois que le landlord a eu la peur de sa vie.
23h : de retour a la mater. Re-monito, qui dure un moment car leur machine est pourrie et capte les battements de mon cœur et les battements du placenta (?) au lieu de ceux du bebe. On me re-examine, j’en suis a 2cm. Ca n’a quasiment pas bouge depuis mon premier passage. Une fois de plus, la douleur des contractions va et vient. La sage-femme n’est pas sure de vouloir me garder, je lui dis que je ne rentrerai pas chez moi. Et puis apres un monito encore plus long, elle me dit que le cœur de bebe bat a 160. C’est la limite a partir de laquelle on commence a s’inquieter pour bebe. Elle decide de me garder pour la nuit et voir comment les choses evoluent. Elle parle de me monter dans une ‘ward’ et de me redescendre en salle de travail le lendemain, puis apres avoir parle a la ‘nurse in charge’, elle decide de me laisser en salle de travail, car selon elle, je ne passerai pas la nuit.
Mercredi 21 décembre 2h : on vire mon mari et ma mere qui a attendu pendant tout ce temps dans le couloir (d’ailleurs, les sages-femmes me disent qu’elle ne peut pas rester, qu’il n’y a pas de salle d’attente a part la salle d’attente principale de l’hopital ou les drogues viennent s’echanger leurs shoots la nuit – je dis ca a ma mere, mais je sais bien qu’elle ne me croit pas, et qu’elle se dit ‘encore un coup de mon gendre’… bref, j’ai d’autres choses en tete a ce moment-la). Je n’ai pas dormi les deux dernieres nuits, les douleurs sont de retour, la sage-femme me fait une piqure de Pethidine pour que je puisse dormir un peu, et la je commence a planer. Je ne sens plus la douleur, et je dors un peu entre les ronflements de la fille de la chambre voisine.
4h : j’appelle une sage-femme pour avoir un top-up de Pethidine. Elle ne veut pas m’en redonner, elle dit qu’il faut attendre trois heures entre les injections. A la place, elle me met l’Entonox (gas & air = gas hilarant) en marche, et je n’ose pas trop en prendre au debut, et puis je n’en peux plus, je geins tellement j’ai mal, j’y vais a grosses bouffees, et j’envoie un message idiot a une copine de forum qui vient de me texter.
5h : on m’examine le col. 3 cm. Wahou. Je saigne beaucoup maintenant, comme des regles tres abondantes, mais on me dit qu’il n’y a pas de quoi s’inquieter.
7h : J’ai vraiment passe une sale nuit, j’avais un mal de chien, et maintenant, je ne sens plus rien. J’ai toujours des contractions, mais la douleur, une fois de plus, est partie. La sage-femme me propose un cafe que j’avale volontiers.
8h : Et que je vomis aussi sec. Re-monito et tout le bazar. Toujours pas de douleurs. Ca n’avance pas.
10h15 : la sage-femme me perce artificiellement la poche des eaux pour faire avancer les choses. Mon mari arrive (sans maman).
Midi : on decide de me declencher, car toujours pas de progres. On me bouge en salle d’accouchement, on me pose les perfs, le monito et tout le bordel. La sage-femme est etonnee de voir que les contractions sont toujours la, mais que je ne sens rien. Elle augmente la dose petit a petit.
14h : changement de sage-femme. La nouvelle est super. 10 mins apres son arrivee, enfin je sens les contractions a nouveau. Puissance 50 par rapport a la nuit d’avant. Puis elles s’arretent encore. Elle a du mal a le croire. Elle me demande si je veux une peridurale comme je l’avais precise dans mon birth plan, je lui dis que non, puisque je n’ai pas mal. Elle m’envoie quand meme l’anesthésiste qui est dispo, pour parler de la peridurale au cas ou j’en ai besoin plus tard. Il arrive, on discute tranquillement. Lui aussi est etonne de me voir comme ca. Il rigole en disant qu’a 6h du matin on l’avait prevenu qu’il y avait une femme qui voulait une peri, et il trepignait car personne ne l’appelait. Quand il part, je le menace de l’attacher dans un coin de la chambre, pour qu’il soit la quand j’en ai besoin, mais la sage-femme le laisse partir.
La ca devient vraiment bizarre. Un coup on m’augmente la perf et je suis a l’agonie, je n’ai pas de repit entre les contractions, elles s’enchainent les unes sur les autres, je n’ai que dix ou vingt secondes pour respirer entre deux, et dix minutes apres, plus rien. Ca dure quelques heures comme ca. La sage-femme verifie la poche des eaux et me dit qu’elle a ete mal percee le matin ! Apparemment l’autre sage-femme avait perce la partie qui est bloquee par la tete du bebe, donc un peu de liquide s’etait ecoule, mais ca n’a eu aucun effet. On me la re-perce. Toujours pareil, entre douleurs incroyables et rien de rien de rien.
Quand la douleur est au plus fort, je n’en peux plus, j’ai l’impression de pousser le bebe, et pourtant rien ne se passe. Je crie de douleur, je pleure, la sage-femme ne comprend pas ce qu’il se passe, elle me demande de lui expliquer, je ne peux pas parler, la douleur est trop forte. Je me concentre sur ma respiration, je suis toujours au gas & air que je prends a pleins poumons. Je demande la peri, mais l’anesthesite est occupe ailleurs. Il se passe une bonne heure comme ca, puis la sage femme decide d’aller le chercher. J’en suis a un tel point que je me vois tordue de douleur comme si je me trouvais au plafond de la chambre. Je dis a mon mari que je ne suis pas sure de vouloir la peri, de toute facon, je ne sais plus ce que je veux, ca fait trop mal, je veux que ca s’arrete.
L’anesthésiste arrive enfin. Il me pose la peri. Je ne sens plus rien du cote droit, c’est genial. Mais il me reste un point, un seul petit point dans le bas du dos a gauche, ou les contractions se concentrent puissance mille. Toute la douleur que j’ai eu jusque la est dans ce point. Impossible de penser a autre chose. On me pose un catheter en pensant que c’est peut-etre le fait d’avoir la vessie pleine, mais ca ne change rien. Il se passe encore quelques heures (en tout cas, c’est l’impression que j’en ai eu), et on me propose enfin un top-up de peri. Les douleurs ne cessent plus, maintenant, on a beau baisser la perf, c’est de pire en pire. Re-belote, le top-up ne marche pas, toujours ce point dans le dos. J’ai maintenant l’impression qu’on m’enfonce une aiguille tres pointue a travers le dos, et qu’on me la ressort par le ventre. L’anesthésiste me propose soit un troisieme top-up, soit d’enlever la peri et de la re poser. J’en sais rien, moi, c’est lui le specialiste. Il penche pour le troisième top-up en me disant que c’est le maximum qu’il puisse me donner. C’est reparti. Et ca ne marche toujours pas.
J’en peux plus, je n’ai qu’une envie, c’est d’entendre le mot ‘cesarienne’, mais j’ai trop mal pour parler, je ne peux pas la demander. Mon mari me parle, me demande de lui serrer le poing a chaque contraction, mais ca ne sert a rien, je ne peux meme pas lui repondre. J’ai du vomir 5 ou 6 fois entre la douleur et le gas & air. Puis j’arrive au point ou le gas & air ne fait plus aucun effet. Il ne me reste que mes cours de prepa a l’accouchement et mes techniques de respiration.
La sage-femme me dit que la douleur est telle et que ca dure depuis si longtemps que l’on me proposera eventuellement une ‘elective caesarian’, car physiquement je vais bien et le bebe aussi. Je demande si je peux l’avoir tout de suite, et elle me dit que ce n’est pas sa decision a elle, mais que je dois voir le ‘consultant’
Le ‘consultant’ passe et insiste pour faire le toucher vaginal lui-meme. J’en suis a 4cm seulement. Il ne veut pas me proposer l’elective caesarian car d’apres lui, les choses avancent. Quel con. La sage-femme est hors d’elle, elle dit que d’apres son toucher a elle, je ne suis pas plus dilatee qu’avant. Il decide de repasser d’ici une heure, et si ca ne bouge pas, alors on me proposera une cesarienne. Tout ce que j’entends, c’est la voix de la sage-femme a chaque contraction ‘it’s alright Isabelle, you’re doing reaaaally well’… Je lui dis que je peux peut-etre tenir une heure, mais meme si j’ai encore gagne un centimetre, je ne tiendrai pas plus longtemps que ca. Je continue a vomir, je suis dans un etat lamentable, la douleur est trop forte.
Une demie heure plus tard, le cœur du bebe joue au yoyo. Il monte regulierement a plus de 160, 170… Le ‘consultant’ revient et je l’entends dire a la sage-femme que si ca dure trop longtemps, le bebe sera en danger. Je me rappelle avoir fondu en larmes, chope la sage-femme par le bras, et dans un grand elan dramatique lui avoir dit ‘just promise me one thing, don’t let ANYTHING happen to my baby alright ?’. Elle a promis, et au vu du rythme cardiaque du bebe, l’’elective caesarian’ s’est transformee en ‘emergency caesarian’. Les chirurgiens debarquent avec assistants, anesthesistes et toute la compagnie. On me fait signer une decharge (aucune idee de ce que j’ai signe, en fait, si ca se trouve, j’ai legue toute ma fortune a l’anesthésiste de garde !), et on m’emmene au bloc. Quel soulagement ! On me dit qu’on va me faire une anesthesie rachi, et je ne sais pas comment j’arrive a rester immobile avec cette douleur. Je leve les yeux, je vois les lampes de la salle d’op, et je me rappelle ce qu’avait dit une copine qui venait d’avoir une cesa : ne pas regarder dans les lampes car on voit en reflet tout ce qui se passe en dessous. Je tourne les yeux vers mon mari et j’attends que ca se passe.
20h53 : Quelques minutes apres, j’entends les cris de mon bebe, mais je ne le vois pas. Puis apres quelques secondes, on propose a mon mari de couper le cordon, juste ‘histoire de’, je tourne la tete, et je vois mon mari penche sur notre petit ange, sur une table a l’autre bout de la piece. On lui met dans les bras, mais je ne comprends pas pourquoi ni le personnel medical, ni mon mari ne me le font toucher, il est toujours hors de portee. Et a ce jour, je ne comprends toujours pas pourquoi. Il s’est passe bien une heure avant que je puisse lui toucher la main, le temps que l’on me recouse (ou je me suis sentie ‘partir’ plus d’une fois !) et que l’on me ramene en salle d’accouchement. Pendant que l’on me recoud, j’entends quelqu’un mentionnner des cicatrices et mes deux curetages suite a mes fausses couches, mais je ne m’en suis souvenue que des jours apres, et j’aurais bien aime savoir ce qu’ils ont dit exactement…
Jeudi 22 décembre 2h : On pese et mesure bebe (!), mon mari l’habille, passe les premiers coups de fil, puis il recupere mes affaires et on m’amene dans une autre chambre avec Marc pour les trois jours a venir.
Je ne sais pas pourquoi la douleur etait si intense. A un moment, on m’a dit que le bebe etait ‘OP’ ou quelque chose comme ca. Je crois que ca veut dire que le dos du bebe est cote du dos de la maman, alors qu’en principe ils ont le dos cote ventre de la maman, et qu’il appuyait sur un nerf ou un truc dans le genre. Je ne sais pas vraiment si c’etait le cas ou pas. Je ne me souviens pas vraiment de contractions dans le ventre (hors contractions de debut de travail), mais de cette violente douleur dans le bas du dos.
Je me sens un peu mieux quand je pense a mon accouchement maintenant, mais je l’ai trouve vraiment traumatisant. J’aimerais savoir pourquoi j’ai eu des contractions regulieres pendant 48h, mais que je ne les ai pas senties. J’aimerais savoir pourquoi la douleur etait si intense, pourquoi lorsqu’on a perce la poche des eaux, ca n’a pas marche, la seconde fois non plus, pourquoi le declenchement n’a pas fonctionne comme prevu, pourquoi la peri n’a quasiment eu aucun effet, pourquoi on ne m’a pas donne mon bebe des qu’il est ne. J’ai plein de questions auxquelles j’espere avoir une reponse si j’arrive a avoir un jour un rendez-vous avec la ‘post-delivery stress clinic’ qu’offre l’hopital auquel j’ai accouche.
Mon bebe faisait 4,7 kg a la naissance, et tout le personnel medical m’a dit que de toute facon, il ne serait pas passe. Si j’avais ete en France, on m’aurait sans doute programme une cesarienne environ un mois avant ma DPA, mais il n’y a pas de troisieme echo, dans ce pays. Ca m’aurait sans doute evite cette experience traumatisante qui me fait fondre en larmes a chaque fois que j’y repense.
Dimanche 18 decembre : 18h - decollement des membrane. Col ouvert a 1 cm. Apres depart de la sage-femme, saignements (sang seche), perte du bouchon muqueux, et contractions non douloureuses toutes les 4 minutes qui ont dure toute la nuit.
Lundi 19 decembre : En fin d’apres-midi, retour des contractions regulieres, toujours non douloureuses, toutes les 4 minutes. Toujours des saignements, de sang un peu plus rose que la veille. Tres mal aux reins. Impossible de rester trop longtemps allongee. Je n’arrive pas a dormir, je prends un bain au milieu de la nuit, mais les contractions sont toujours la. Toujours aucune douleur dans le ventre.
Mardi 20 decembre : Matin : les contractions sont toujours la, le mal de dos est un peu passe. Douleurs de regles toute la matinee, puis en fin de matinee, j’appelle la mater pour leur demander quoi faire. On me dit d’attendre d’avoir des contractions douloureuses toutes les 5 minutes pendant une heure (ca faisait des heures que j’en avais toutes les 4 minutes ! Mais toujours pas vraiment mal a part une douleur de regles de plus en plus presente).
Apres-midi : les douleurs se font plus presentes. J’appelle la mater, plus parce que j’aimerais que l’on examine mon col que parce que ca me fait mal. Ils me disent d’aller les voir si j’en ai envie, au risque de me faire renvoyer chez moi si le travail n’est pas assez avance. On se prepare, puis de l’etage, j’entends que le ton monte entre mon mari et ma mere. Je voulais que ma mere vienne avec nous a l’hopital et attende dans la salle d’attente (c’est son premier petit enfant), il ne voulait pas l’emmener. Je me retrouve a appeler 999 et demander une ambulance pour leur demander de venir me chercher car mon mari refuse de conduire si ma mere monte dans la voiture. L’ambulance arrive, mais finalement mon mari accepte que ma mere nous accompagne, et on part enfin a la mater. Une bonne engueulade pendant les contractions, un mari egoiste qui croit que ses besoins passent avant ceux de sa femme qui accouche, y a que ca de vrai !
17h : a la mater. Monito, col ouvert entre 1 et 2 cm (rappelez-vous, j’en etais deja 1 lors de mon decollement deux jours avant…). Les contractions sont toujours la, toujours regulieres, mais je ne les sens plus. A 19h, on me renvoie chez moi en me disant que le travail a bien commence, mais je ne suis pas assez dilatee, je serai mieux a la maison. On me dit que je n’aurai definitivement pas besoin du declenchement prevu pour le 22 ! Dans la voiture, sur le chemin du retour, la douleur revient. Je me demande pourquoi ces cons-la m’ont renvoyee a la maison alors que je suis en train d’accoucher. J’essaie de gerer la douleur comme je peux a la maison, je me concentre sur ma respiration, et j’ai voulu prendre un bain en revenant de la mater – manque de bol, c’est ce jour-la que le chauffe-eau decide de retomber en panne, et pas d’eau chaude. J’en peux plus, je demande a mon mari de rappeler l’hopital, et on y retourne. Avec maman. J’ai envie de vomir sur le chemin, les contractions me font trop mal, on s’arrete sur le parking d’un pub en route pour que je prenne un peu l’air. Je crois que le landlord a eu la peur de sa vie.
23h : de retour a la mater. Re-monito, qui dure un moment car leur machine est pourrie et capte les battements de mon cœur et les battements du placenta (?) au lieu de ceux du bebe. On me re-examine, j’en suis a 2cm. Ca n’a quasiment pas bouge depuis mon premier passage. Une fois de plus, la douleur des contractions va et vient. La sage-femme n’est pas sure de vouloir me garder, je lui dis que je ne rentrerai pas chez moi. Et puis apres un monito encore plus long, elle me dit que le cœur de bebe bat a 160. C’est la limite a partir de laquelle on commence a s’inquieter pour bebe. Elle decide de me garder pour la nuit et voir comment les choses evoluent. Elle parle de me monter dans une ‘ward’ et de me redescendre en salle de travail le lendemain, puis apres avoir parle a la ‘nurse in charge’, elle decide de me laisser en salle de travail, car selon elle, je ne passerai pas la nuit.
Mercredi 21 décembre 2h : on vire mon mari et ma mere qui a attendu pendant tout ce temps dans le couloir (d’ailleurs, les sages-femmes me disent qu’elle ne peut pas rester, qu’il n’y a pas de salle d’attente a part la salle d’attente principale de l’hopital ou les drogues viennent s’echanger leurs shoots la nuit – je dis ca a ma mere, mais je sais bien qu’elle ne me croit pas, et qu’elle se dit ‘encore un coup de mon gendre’… bref, j’ai d’autres choses en tete a ce moment-la). Je n’ai pas dormi les deux dernieres nuits, les douleurs sont de retour, la sage-femme me fait une piqure de Pethidine pour que je puisse dormir un peu, et la je commence a planer. Je ne sens plus la douleur, et je dors un peu entre les ronflements de la fille de la chambre voisine.
4h : j’appelle une sage-femme pour avoir un top-up de Pethidine. Elle ne veut pas m’en redonner, elle dit qu’il faut attendre trois heures entre les injections. A la place, elle me met l’Entonox (gas & air = gas hilarant) en marche, et je n’ose pas trop en prendre au debut, et puis je n’en peux plus, je geins tellement j’ai mal, j’y vais a grosses bouffees, et j’envoie un message idiot a une copine de forum qui vient de me texter.
5h : on m’examine le col. 3 cm. Wahou. Je saigne beaucoup maintenant, comme des regles tres abondantes, mais on me dit qu’il n’y a pas de quoi s’inquieter.
7h : J’ai vraiment passe une sale nuit, j’avais un mal de chien, et maintenant, je ne sens plus rien. J’ai toujours des contractions, mais la douleur, une fois de plus, est partie. La sage-femme me propose un cafe que j’avale volontiers.
8h : Et que je vomis aussi sec. Re-monito et tout le bazar. Toujours pas de douleurs. Ca n’avance pas.
10h15 : la sage-femme me perce artificiellement la poche des eaux pour faire avancer les choses. Mon mari arrive (sans maman).
Midi : on decide de me declencher, car toujours pas de progres. On me bouge en salle d’accouchement, on me pose les perfs, le monito et tout le bordel. La sage-femme est etonnee de voir que les contractions sont toujours la, mais que je ne sens rien. Elle augmente la dose petit a petit.
14h : changement de sage-femme. La nouvelle est super. 10 mins apres son arrivee, enfin je sens les contractions a nouveau. Puissance 50 par rapport a la nuit d’avant. Puis elles s’arretent encore. Elle a du mal a le croire. Elle me demande si je veux une peridurale comme je l’avais precise dans mon birth plan, je lui dis que non, puisque je n’ai pas mal. Elle m’envoie quand meme l’anesthésiste qui est dispo, pour parler de la peridurale au cas ou j’en ai besoin plus tard. Il arrive, on discute tranquillement. Lui aussi est etonne de me voir comme ca. Il rigole en disant qu’a 6h du matin on l’avait prevenu qu’il y avait une femme qui voulait une peri, et il trepignait car personne ne l’appelait. Quand il part, je le menace de l’attacher dans un coin de la chambre, pour qu’il soit la quand j’en ai besoin, mais la sage-femme le laisse partir.
La ca devient vraiment bizarre. Un coup on m’augmente la perf et je suis a l’agonie, je n’ai pas de repit entre les contractions, elles s’enchainent les unes sur les autres, je n’ai que dix ou vingt secondes pour respirer entre deux, et dix minutes apres, plus rien. Ca dure quelques heures comme ca. La sage-femme verifie la poche des eaux et me dit qu’elle a ete mal percee le matin ! Apparemment l’autre sage-femme avait perce la partie qui est bloquee par la tete du bebe, donc un peu de liquide s’etait ecoule, mais ca n’a eu aucun effet. On me la re-perce. Toujours pareil, entre douleurs incroyables et rien de rien de rien.
Quand la douleur est au plus fort, je n’en peux plus, j’ai l’impression de pousser le bebe, et pourtant rien ne se passe. Je crie de douleur, je pleure, la sage-femme ne comprend pas ce qu’il se passe, elle me demande de lui expliquer, je ne peux pas parler, la douleur est trop forte. Je me concentre sur ma respiration, je suis toujours au gas & air que je prends a pleins poumons. Je demande la peri, mais l’anesthesite est occupe ailleurs. Il se passe une bonne heure comme ca, puis la sage femme decide d’aller le chercher. J’en suis a un tel point que je me vois tordue de douleur comme si je me trouvais au plafond de la chambre. Je dis a mon mari que je ne suis pas sure de vouloir la peri, de toute facon, je ne sais plus ce que je veux, ca fait trop mal, je veux que ca s’arrete.
L’anesthésiste arrive enfin. Il me pose la peri. Je ne sens plus rien du cote droit, c’est genial. Mais il me reste un point, un seul petit point dans le bas du dos a gauche, ou les contractions se concentrent puissance mille. Toute la douleur que j’ai eu jusque la est dans ce point. Impossible de penser a autre chose. On me pose un catheter en pensant que c’est peut-etre le fait d’avoir la vessie pleine, mais ca ne change rien. Il se passe encore quelques heures (en tout cas, c’est l’impression que j’en ai eu), et on me propose enfin un top-up de peri. Les douleurs ne cessent plus, maintenant, on a beau baisser la perf, c’est de pire en pire. Re-belote, le top-up ne marche pas, toujours ce point dans le dos. J’ai maintenant l’impression qu’on m’enfonce une aiguille tres pointue a travers le dos, et qu’on me la ressort par le ventre. L’anesthésiste me propose soit un troisieme top-up, soit d’enlever la peri et de la re poser. J’en sais rien, moi, c’est lui le specialiste. Il penche pour le troisième top-up en me disant que c’est le maximum qu’il puisse me donner. C’est reparti. Et ca ne marche toujours pas.
J’en peux plus, je n’ai qu’une envie, c’est d’entendre le mot ‘cesarienne’, mais j’ai trop mal pour parler, je ne peux pas la demander. Mon mari me parle, me demande de lui serrer le poing a chaque contraction, mais ca ne sert a rien, je ne peux meme pas lui repondre. J’ai du vomir 5 ou 6 fois entre la douleur et le gas & air. Puis j’arrive au point ou le gas & air ne fait plus aucun effet. Il ne me reste que mes cours de prepa a l’accouchement et mes techniques de respiration.
La sage-femme me dit que la douleur est telle et que ca dure depuis si longtemps que l’on me proposera eventuellement une ‘elective caesarian’, car physiquement je vais bien et le bebe aussi. Je demande si je peux l’avoir tout de suite, et elle me dit que ce n’est pas sa decision a elle, mais que je dois voir le ‘consultant’
Le ‘consultant’ passe et insiste pour faire le toucher vaginal lui-meme. J’en suis a 4cm seulement. Il ne veut pas me proposer l’elective caesarian car d’apres lui, les choses avancent. Quel con. La sage-femme est hors d’elle, elle dit que d’apres son toucher a elle, je ne suis pas plus dilatee qu’avant. Il decide de repasser d’ici une heure, et si ca ne bouge pas, alors on me proposera une cesarienne. Tout ce que j’entends, c’est la voix de la sage-femme a chaque contraction ‘it’s alright Isabelle, you’re doing reaaaally well’… Je lui dis que je peux peut-etre tenir une heure, mais meme si j’ai encore gagne un centimetre, je ne tiendrai pas plus longtemps que ca. Je continue a vomir, je suis dans un etat lamentable, la douleur est trop forte.
Une demie heure plus tard, le cœur du bebe joue au yoyo. Il monte regulierement a plus de 160, 170… Le ‘consultant’ revient et je l’entends dire a la sage-femme que si ca dure trop longtemps, le bebe sera en danger. Je me rappelle avoir fondu en larmes, chope la sage-femme par le bras, et dans un grand elan dramatique lui avoir dit ‘just promise me one thing, don’t let ANYTHING happen to my baby alright ?’. Elle a promis, et au vu du rythme cardiaque du bebe, l’’elective caesarian’ s’est transformee en ‘emergency caesarian’. Les chirurgiens debarquent avec assistants, anesthesistes et toute la compagnie. On me fait signer une decharge (aucune idee de ce que j’ai signe, en fait, si ca se trouve, j’ai legue toute ma fortune a l’anesthésiste de garde !), et on m’emmene au bloc. Quel soulagement ! On me dit qu’on va me faire une anesthesie rachi, et je ne sais pas comment j’arrive a rester immobile avec cette douleur. Je leve les yeux, je vois les lampes de la salle d’op, et je me rappelle ce qu’avait dit une copine qui venait d’avoir une cesa : ne pas regarder dans les lampes car on voit en reflet tout ce qui se passe en dessous. Je tourne les yeux vers mon mari et j’attends que ca se passe.
20h53 : Quelques minutes apres, j’entends les cris de mon bebe, mais je ne le vois pas. Puis apres quelques secondes, on propose a mon mari de couper le cordon, juste ‘histoire de’, je tourne la tete, et je vois mon mari penche sur notre petit ange, sur une table a l’autre bout de la piece. On lui met dans les bras, mais je ne comprends pas pourquoi ni le personnel medical, ni mon mari ne me le font toucher, il est toujours hors de portee. Et a ce jour, je ne comprends toujours pas pourquoi. Il s’est passe bien une heure avant que je puisse lui toucher la main, le temps que l’on me recouse (ou je me suis sentie ‘partir’ plus d’une fois !) et que l’on me ramene en salle d’accouchement. Pendant que l’on me recoud, j’entends quelqu’un mentionnner des cicatrices et mes deux curetages suite a mes fausses couches, mais je ne m’en suis souvenue que des jours apres, et j’aurais bien aime savoir ce qu’ils ont dit exactement…
Jeudi 22 décembre 2h : On pese et mesure bebe (!), mon mari l’habille, passe les premiers coups de fil, puis il recupere mes affaires et on m’amene dans une autre chambre avec Marc pour les trois jours a venir.
Je ne sais pas pourquoi la douleur etait si intense. A un moment, on m’a dit que le bebe etait ‘OP’ ou quelque chose comme ca. Je crois que ca veut dire que le dos du bebe est cote du dos de la maman, alors qu’en principe ils ont le dos cote ventre de la maman, et qu’il appuyait sur un nerf ou un truc dans le genre. Je ne sais pas vraiment si c’etait le cas ou pas. Je ne me souviens pas vraiment de contractions dans le ventre (hors contractions de debut de travail), mais de cette violente douleur dans le bas du dos.
Je me sens un peu mieux quand je pense a mon accouchement maintenant, mais je l’ai trouve vraiment traumatisant. J’aimerais savoir pourquoi j’ai eu des contractions regulieres pendant 48h, mais que je ne les ai pas senties. J’aimerais savoir pourquoi la douleur etait si intense, pourquoi lorsqu’on a perce la poche des eaux, ca n’a pas marche, la seconde fois non plus, pourquoi le declenchement n’a pas fonctionne comme prevu, pourquoi la peri n’a quasiment eu aucun effet, pourquoi on ne m’a pas donne mon bebe des qu’il est ne. J’ai plein de questions auxquelles j’espere avoir une reponse si j’arrive a avoir un jour un rendez-vous avec la ‘post-delivery stress clinic’ qu’offre l’hopital auquel j’ai accouche.
Mon bebe faisait 4,7 kg a la naissance, et tout le personnel medical m’a dit que de toute facon, il ne serait pas passe. Si j’avais ete en France, on m’aurait sans doute programme une cesarienne environ un mois avant ma DPA, mais il n’y a pas de troisieme echo, dans ce pays. Ca m’aurait sans doute evite cette experience traumatisante qui me fait fondre en larmes a chaque fois que j’y repense.