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Grossesse et grosseur

#8
Voilà donc la copie de l'article :

"Les femmes en surpoids ou obèses souffrent, on le sait depuis plusieurs décennies, plus souvent que les femmes de poids normal de certaines complications maternelles comme la pré-éclampsie et le diabète gestationel, ou périnatales comme les césariennes, les macrosomies fœtale ou les mort-nés. Bien que la fréquence de ces complications augmente avec le poids (et qu’il existe donc un effet-dose), une relation causale entre ces deux phénomènes n’est pas totalement démontrée car on ne peut exclure formellement que le surpoids et certaines de ces complications aient en fait une origine commune.

Grâce aux outils épidémiologiques très performants mis en place en Scandinavie, Eduardo Villamar et coll. ont pu aller plus loin sur ce sujet en étudiant les relations entre une prise de poids avant la grossesse et la fréquence de ces complications.

Pour parvenir à leur fin, Villamar et coll. ont identifié dans la population suédoise 151 025 femmes ayant eu deux grossesses (ayant donné naissance à un enfant unique) entre 1992 et 2001. Le poids et la taille de ces jeunes femmes étant connus lors du début de ces deux gestations (précisément à la première consultation prénatale), il était simple de calculer leur index de masse corporelle (IMC) et de déterminer si les variations de cet IMC entre deux naissances étaient corrélées avec le taux de complications lors de la seconde gestation.

Les résultats montrent une relation plus étroite encore qu’on ne pouvait le penser entre prise de poids et complications materno-fœtales.

Globalement, au cours des 24 mois en moyenne qui ont séparé les deux grossesses, ces femmes vivant en Suède ont vu leur IMC augmenter relativement peu (médiane + 0,7 unité). La prise de poids était inversement corrélée à l’âge, au niveau éducatif, à la taille mais aussi à l’IMC lors de la première grossesse.

Une augmentation de poids aussi modeste qu’une à deux unités d’IMC entre les deux grossesses est apparue significativement associée à une élévation du risque de pré-éclampsie, de diabète gestationnel, d’hypertension gestationnelle et de macrosomie fœtale.

Comparé au risque de femmes au poids stable (IMC évoluant entre – 1 et + 0,9 unité), pour des gains de plus de 3 unités d’IMC, la fréquence des pré-éclampsies a été augmentée de 78 % (intervalle de confiance à 95 % entre + 52 et + 108 %), celle des hypertensions gestationnelles de 76 % (39 à 123 %), des diabètes gestationnels de 109 % (68 à 161 %), des césariennes de 32 % (22 à 44 %), des mort-nés de 63 % (20 à 121 %) et des macrosomies de 87 % (72 à 104 %).

Deux éléments sont très en faveur d’une relation causale entre prise de poids et complications de la grossesse: le caractère linéaire de l’association et le fait que chez les femmes ayant vu leur IMC diminuer de plus d’une unité entre les deux grossesses, la fréquence des pré-éclampsies et des macrosomies fœtales a diminué significativement comparativement aux autres parturientes.

Au-delà de ces résultats en apparence sans surprise ce travail a démontré également que l’effet négatif d’une prise de poids avant la grossesse était indépendant de l’IMC de base et que la corrélation entre prise de poids et complications de la grossesse était même plus étroite chez les femmes ayant un IMC de base normal que chez les sujets en surpoids ou obèses. Ainsi même chez les femmes ayant un IMC considéré comme normal (< 25) lors des deux grossesses, toutes les complications étudiées (à l’exception des mort-nés) augmentaient significativement avec des accroissements modeste de l’IMC.

Il apparaît donc que le surpoids et a fortiori l’obésité semblent bien des facteurs de risque indépendants de nombreuses complications materno-fœtales, mais que, de plus, même dans les limites de ce qu’il est habituel de considérer comme normal (IMC < 25), toute prise de poids augmente significativement ce risque.

Pour être plus concret, une femme de 1,65 m passant de 63 kg lors d’une première grossesse à 66 kg lors du début d’une seconde (IMC + 1) présente un accroissement du risque de diabète gestationnel de 30 % alors que son poids est encore considéré comme normal.

Quelles conséquences faut-il tirer de cette étude ?

Bien sûr conseiller aux femmes en surpoids ou obèses (dont le nombre ne cesse d’augmenter dans les pays occidentaux avec 28 % d’obèses chez les femmes de 20 à 40 ans aujourd’hui aux USA) de maigrir avant de débuter une grossesse.

Mais au-delà, la question posée, sans que l’on puisse y apporter une réponse encore scientifiquement fondée, est de savoir s’il faut recommander (comme semblent le penser les auteurs), même aux jeunes femmes de poids normal de ne pas grossir si elles désirent un enfant. "





Dr Anastasia Roublev



Villamar E et coll. : « Interpregnancy weight change and risk of adverse pregnancy outcomes : a population-based study. » Lancet 2006; 368: 1164-70.
 
#10
De rien, Flamandrose ! En tant qu'infirmière, tu dois pouvoir t'inscrire, non ? Il y a très souvent des articles intéressants dans plein de domaines. :wink: