Allongement du délai légal de l'IVG de 10 à 12 semaines de grossesse
Le délai légal d'avortement de dix semaines a été allongé à 12 semaines de grossesse. Adoptée définitivement par l'Assemblée nationale, cette loi a été publiée au Journal Officiel du 7 juillet 2001. Quelque peu en avance sur les dispositions légales, l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé (ANAES) avait au préalable établi au mois de mars dernier, les recommandations concernant la prise en charge de Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) jusqu'à 12 semaines. En pratique, qu'est-ce qui change ?
Un accès à l’IVG simple et rapide
Une patiente demandant une IVG doit obtenir un rendez-vous pour une consultation dans les 5 jours suivant son appel. En effet, plus l’IVG est précoce, plus les risques de complications sont faibles. De plus, une intervention précoce permet un choix plus large des techniques utilisables. Chaque structure de prise en charge des IVG doit donc disposer d’une ligne téléphonique dédiée à cette seule activité afin d’apporter immédiatement les principales réponses aux demandes des femmes.
Information et choix de la patiente
La première consultation doit apporter à la patiente des informations claires et précises sur la procédure (méthode médicamenteuse ou chirurgicale) et les choix offerts de recours à l’anesthésie locale ou générale, ainsi que sur le temps de réflexion. Un entretien de soutien et d’écoute est systématiquement proposé. Un dépistage des maladies sexuellement transmissibles dont l’infection par le virus du Sida sera proposé et un mode de contraception ultérieur sera abordé.
Deux techniques : chirurgicale ou médicale
o La méthode chirurgicale repose sur la dilatation du col, obtenue à l’aide d’une préparation médicamenteuse préalable (mifépristone ou misoprostol), puis sur l’évacuation du contenu utérin par aspiration. Elle se pratique en ambulatoire ou en hôpital de jour (séjour inférieur à 12 heures). Entre la 11ème et la 12ème semaine, elle nécessite une aspiration à l’aide d’une canule et, lorsque cela est nécessaire, l’utilisation de pinces spécifiques.
o La technique médicale, praticable en hospitalisation ou à domicile jusqu’à la 5ème semaine, repose sur la prise d’une association de médicaments (mifépristone, administré à l’hôpital, et misoprostol, administré éventuellement à domicile 36 à 48 heures plus tard) provoquant dans les 3 à 4 heures une hémorragie, témoin de l’effet du traitement.
Jusqu’à la 7ème semaine de grossesse (ou 9ème semaine d’aménorrhée), les deux techniques sont utilisables, mais la méthode chirurgicale représente la technique de choix. Entre la 8ème et la 12ème semaine de grossesse la méthode médicale n’est pas recommandée et nécessite alors une hospitalisation conventionnelle.
Les précautions requises à domicile
La distance entre le domicile de la patiente et le centre hospitalier doit être limitée. La patiente doit avoir un profil médico-psychosocial éligible pour ce type de procédure. Des informations particulières, notamment sur la conduite à tenir en cas d’hémorragie lui seront dispensées et elle recevra une prescription d’antalgiques autres que le paracétamol avant son retour à domicile.
La prise en charge de la douleur
Malgré l’anesthésie (locale ou générale), l’IVG peut être responsable de douleurs modérées à sévères. Les facteurs de risque de survenue d’une douleur intense sont le jeune âge, la peur de l’acte, l’existence d’un utérus rétroversé, les antécédents de dysménorrhée (règles douloureuses), les grossesses les plus précoces et les plus avancées.
Des complications éventuelles à prévenir
En cas d’IVG chirurgicale, bien qu’il n’existe pas de bénéfice démontré à long terme, il est recommandé de prévenir d’éventuelles complications infectieuses à l’aide d’une antibiothérapie.
La prévention de l’incomptatibilité Rhésus doit être réalisée chez toutes les femmes Rhésus négatif par l’injection d’une dose de gamma-globulines anti-D.
La contraception
Après une IVG, une contraception orale peut être débutée dès le lendemain. La pose d’un dispositif intra-utérin est possible lors de l’examen de contrôle ou bien en fin d’aspiration en cas d’IVG chirurgicale.
La visite de contrôle
Prévue entre le 14ème et le 21ème jour post-IVG, elle comprend un examen clinique et parfois une échographie.
Réagir à cet article
16/07/2001
Dr Isabelle Hebert