1944.
Madeleine,17 ans est serveuse à l'hôtel des Ducs de Rennes.
Joseph Schimmer, brillant pianiste, l'engage comme assistante pour tourner les pages des partitions pendant ses répétitions
De cette rencontre naîtront un amour, un enfant et une réalité dure à assumer.
Extraits :
_"Nous marchons, suivies par la foule, têtes rasées parmi les décombres de l'avenue Janvier.
Je trébuche sur des souvenirs que je n'ai pas, les bombardements ont eu lieu sans moi, j'étais terrée dans un couvent mais je sais tout, ils m'ont fait ce que la guerre leur a fait.'
_"J'ai besoin d'une main pour tourner les pages...
Mademoiselle ? Madeleine.
C'est elle qu'il regarde.
Appuyée au mur d'en face, la patronne, Elena, fixe Madeleine, stupéfaite. Il faudrait dire : Je ne connais pas la musique, mais Joseph Schimmer le sait déjà.
Ils le savent tous, comme le policier hier soir, comme Joseph Schimmer, de l'ampleur des vêtements de Madeleine, de son absence de seins, de hanches, de fesses, elle n'a pas de corps, elle n'est pas une fille à soldats, elle n'a aucune raison d'approcher Joseph Schimmer.
Mais Madeleine avance, par crainte ou par défi."
L'auteur a suivi N. Sarkozy pendant plusieurs mois et dessine le portrait d'un homme parti à la conquête du pouvoir.
Remarquable écrivaine à la prose simple juste et percutante ,j'adore tout ce qu'elle fait.
Un ouvrage très attendu Pour tous ceux qui s'intéressent à la politique.
"Il n'y a pas de lieux dans la tragédie. Et il n'y pas d'heures non plus. C'est l'aube, le soir ou la nuit."
Cette phrase d'où est tiré le titre est superbe.
Le portrait d'un homme angoissé par la mort.
Le mystère d'un homme qui bouscule tous les codes et conventions politiques.
Extrait:
“J’ai enlevé des tas de trucs que Chirac avait laissés. Il y avait une grande corne de… (Il fait un geste.)
– De rhinocéros ?
– Non… Tu sais les types qui sont dans l’eau, qui ont une corne… Tu vois ? (Je ne vois pas et lui ne trouve pas le mot…) Tu veux un café, un jus d’orange ?”
Il s’est assis sur une banquette dorée, moi sur un siège doré. Entre nous une table basse étroite, genre chinoise. Tout est doré, rideaux dorés, moulures dorées, tapisseries dorées.
Je dis≈: “Tu es content ?
– C’est le mot que tu choisis ?
– Je ne vais pas dire heureux.
– Je suis serein.
– Serein, c’est bien.
– Oui. Je suis content en profondeur, mais je n’ai pas de joie.”
C'est l'histoire de Patrick photographe des stars , personnage décadent.
Cinq heures de sa vie dans ce roman.
il va se rendre à Paris afin de rejoindre son dealer et l'une de ses maîtresses.
Extrait :
"Elle avait injurié le pédé chic aux faux airs de Willy Brandt qui se réfugiait derrière une attribution» à l'entourage dudit Petrus Christus.
« Tu me vois moi, eh bien maintenant regarde mon « entourage » (désignant ses gardes du corps, sa camériste, Babeth, le chien mexicain et... Patrice).
Tu trouves que c'est la même chose ? »
Tout de suite, il fut obligé de chasser le fantôme de Babeth avant qu'elle réveille celui de Didine.
Babeth en était à son troisième SMS : un triple point d'interrogation ; il fallait la rattraper absolument, sinon elle téléphonerait au château."
L'auteur suit minute par minute la conférence de presse de Florence Aubenas à son retour d'Irak après une détention de plusieurs mois.
Très original!
Extraits:
_"Elle. Est. Arrivée. En. Avance
. Elle est arrivée en avance, dérogeant au protocole tacite qui veut qu'en ces circonstances celui ou celle qu'on attend se fasse attendre, le faible est demandeur le fort régule l'offre - elle, pas de ce pain-là.
"Elle est venue s'exclure elle-même du parti de l'Histoire.
_A vrai dire cela fait longtemps qu'elle a rendu sa carte, quarante-cinq ans à peu près il faudrait voir son état civil, et là elle se donne quarante-cinq minutes pour le dire, pour le faire, son dire sera du faire et voilà ce sera dit ce sera fait, ce sera la fin de l'Histoire".
Une guerre ,l'amitié,la honte,la mémoire.
Le portrait d'un homme ordinaire confronté à l'extraordinaire.
Résumé :
Le maire d'un petit village des Alpes indéfini demande à Brodeck de rédiger un rapport sur ce qu'il faut bien appeler le lynchage d'un artiste étranger par les habitants déchaînés:Anderer.
Il va dans ce village soudé par la haine dévier le cours des choses.
Qui était cet homme ?
D'où venait-il ?
Comment a-t-il suscité cette rage meurtrière ?
En tentant de répondre à ces questions, Brodeck est amené à évoquer sa déportation pendant la guerre et le sort atroce réservé à sa femme.
Aucun nom de pays de date ou de personnage historique n'est cité.
Ouvrage remarquable comme tous les livres de Claudel qui poursuit son "triptyque" après ses livres sur la guerre de 14 ( "les âmes grises" et et "La Petite Fille de Mr Linh") sur les grands traumatismes du XXeme siècle.