Le manuel de la mauvaise mère | Femiboard: Grossesse
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Le manuel de la mauvaise mère

#1
Le manuel de la mauvaise mère
Kate Long





c'est mon livre de chevet pour l'instant (quand je m'endors pas dessus tellement suis naze :? )

et bien j'adore!!!! on peut toute se retrouver ! c'est très raliste


Trois femmes, trois voix, et un sacré micmac !
À 33 ans, Karen, qui a eu sa fille Charlotte à 17 ans, pense enfin pouvoir retrouver sa vie de femme interrompue par cette maternité trop précoce. Sortir, rencontrer un homme sympa, peut-être même reprendre ses études... Mais voilà que sa mère octogénaire lui apprend qu'elle a été adoptée et que sa petite rebelle de Charlotte lui annonce qu'elle attend un bébé...

Chapitre Un

NAN RÊVE :
Quand j'avais douze ans, je me suis cassé le coude en tombant. C'était le jour des élections, en 1929. On faisait les idiots, perchés sur le mur à côté du bureau de vote. Il mesurait deux mètres de haut. Tout allait bien tant que j'étais à califourchon sur la pierre de chaperon, seulement je me suis assise en amazone pour mieux voir les visages des conservateurs. Mon père disait qu'on pouvait les reconnaître rien qu'à leur expression. Jimmy m'a donné un coup de coude et nous nous sommes mis à chanter :

Votez ! Votez ! Votez Alec Sharrock
C'est sûr qu'il va gagner
Et on prendra une boîte de conserve
Pour y mettre l'autre conservateur
Et il reverra jamais sa mère.

J'ai balancé les jambes pour me donner de la voix, et bing ! je me suis retrouvée étalée par terre, un bras replié sous moi. Jimmy a essayé de me fabriquer une écharpe avec les banderoles jaunes en mousseline qu'on secouait, mais je me suis mise à hurler et à pleurer de panique. J'avais si mal que je ne voulais pas me relever de peur de découvrir que mon bras s'était détaché de mon corps.
Le lendemain, quand on a appris que le Labour l'avait emporté, papa a tellement bu qu'il a été incapable d'ouvrir la grille de derrière.
- J'vais lui ouvrir, s'est dévoué Jimmy.
- Pas question ! a dit maman. Laisse-le où il est.
Alors je suis restée allongée sur le canapé, mon bras en écharpe, et je l'ai regardé se bagarrer avec la grille puis tomber à la renverse.
C'était bizarre, on ne l'avait jamais vu boire une goutte, avant ce jour-là.
Ses vices l'entraînaient vers d'autres pentes.


JANVIER 1997
Le lendemain du jour où c'est arrivé, tout paraissait normal. Même avec la porte de ma chambre fermée, j'entendais maman s'en prendre à ma grand-mère Nan. Elle essaie de ne pas se mettre en colère, mais c'est la seule émotion dont elle est capable ces temps derniers.
- Viens, Nan, c'est l'heure de ton bain.
- J'peux pas. J'ai mal au bras.
- Mais non, t'as encore rêvé. Viens.

On perd tout dans cette maison, ses clefs, son sonotone, son identité. Maman et Nan se sont disputées pour des saucisses, ce matin. Ma mère en a fait cuire deux pour le dîner de Nan et les a laissées refroidir dans une assiette. Elle est allée ouvrir la porte au laveur de carreaux. Le temps de retourner à la cuisine, les saucisses avaient disparu.
- Qu'est-ce que tu en as fait ? a-t-elle demandé à Nan (de sa voix patiente).
- J'les ai pas touchées.
- Tu les as forcément touchées.
- C'est l'chien.
- On n'a pas de chien, Nan. Où sont-elles ? Je veux juste savoir où elles sont, je te dirai rien. Tu les as mangées ?
- Mouais, j'crois bien. Hier. J'les ai mangées au dîner.
- Comment tu as pu les manger hier, alors que je viens de les faire cuire ? Dieu tout-puissant, la moindre petite chose...
Ma mère s'est passé la main sur le visage en soupirant. Elle fait souvent ça.
- Nom d'une pipe ! T'as pas b'soin d'crier comme ça. T'es vraiment soupe au lait, toi. Comme ma fille Karen, elle démarre au quart de tour.
- Je suis ta fille Karen.
- Pfftt !
C'est moi qui ai trouvé les saucisses le lendemain ; elles étaient dans la boîte à pain, enveloppées dans deux sacs en plastique.
Cela dit, Nan est loin d'être la seule à perdre la boule. Je sais que je m'appelle Charlotte et que j'ai dix-sept ans ; mais dans mes mauvais jours, c'est à peu près tout. "Sois toi-même", me répète-t-on sans cesse - des personnes plus âgées, surtout. Mouais, facile à dire. Il m'arrive de répondre aux tests de Teenager. Êtes-vous du genre "cool Raoul" ou "naze de naze" ? Quelle est votre méthode de séduction ? Comment définir votre personnalité à travers votre couleur préférée, votre gribouillage préféré, votre heure de naissance... Est-ce que :
a) je crois à ces conneries ?
b) je les considère avec tout le mépris qu'elles méritent ?
Ben franchement, ça dépend de mon humeur.
Parfois, ma grand-mère pense que je suis sa jeunesse réincarnée. "Dieu la bénisse, dit-elle en farfouillant dans sa poche à la recherche d'un bonbon à la menthe, son père la battait comme plâtre jusqu'à ce qu'elle s'écroule par terre, et puis il la battait encore. Il les a abandonnées et sa mère a dû faire la lessive. Pauvre chou. Tiens, prends un caramel."
Ça rend m'man complètement dingue. Elle n'aime pas qu'on dispense sa compassion en pure perte, en particulier envers moi. Parce qu'elle a l'impression que je vis comme dans la série Happy Days.
"Je n'ai pas eu la chance d'avoir tout ce que tu as, me répète-t-elle souvent. L'instruction, et tout. Tu as beaucoup de devoirs pour demain ?" Elle m'a offert un agenda pour Noël, mais je l'ai perdu. Je n'ai pas encore eu le cran de le lui avouer. "Il faut que tu fasses quelque chose de ta vie. Évite de faire les mêmes erreurs que moi."
J'ai beau être une de ces erreurs ("J'étais mère à seize ans, divorcée à vingt et un"), je suis également sa chance de rachat, la preuve que sa vie n'est pas tout à fait un gâchis. Ce qui me place dans une situation singulière. Mes succès futurs seront les siens, et on me dira : "Ta mère était une femme intelligente. Elle a renoncé à des tas de choses pour toi."
C'est du moins ce qu'elle espère.
Donc, je suis plutôt dans la merde.
Quand Nan m'est tombée dessus hier après-midi, alors que je m'envoyais en l'air avec Paul Bentham, elle n'a pas dit un mot.
Elle est étonnamment mobile malgré la poche. Ça fait un bail qu'elle a subi cette colostomie pour se débarrasser d'un cancer galopant. Avant ma naissance.
"LA REINE MÈRE EN A UN, VOUS SAVEZ, lui avait hurlé le médecin.
- Ooh ! La classe, avait répliqué Nan, impressionnée. Ivy Seddon pense que Cliff Richard aussi, et il danse comme un beau diable."
Plus tard dans la soirée, alors qu'on regardait Coronation Street, j'ai bien cru qu'elle allait lâcher le morceau quand elle a soudain lancé :
- Elle était trop jeune. Elle savait pas c'qu'elle faisait. J'lui ai dit : t'en fais pas, j'vais m'en occuper.
Ma mère arrivait avec une tasse de thé pour Nan. Elle a posé la sous-tasse si brutalement que le thé a éclaboussé la nappe, et m'a jeté un regard noir.
Pitié, Nan, un mot de plus et je suis cuite. ("Une femme de trente-trois ans a été accusée d'avoir matraqué à mort sa fille de dix-sept ans. La police pense que l'arme du crime était un agenda. Les voisins disent avoir entendu des bruits de dispute, tard dans la soirée...")
Ça fait encore un peu mal. J'ignorais que ça ferait mal. J'étais au courant pour le sang, parce que j'ai lu quelque part que, dans le temps, on pendait les draps à la fenêtre pour que tout le monde voie que la mariée était vierge. J'ai utilisé un vieux T-shirt et je l'ai rincé juste après. Si elle s'en aperçoit, je lui dirai que j'ai saigné du nez.
Je ne suis pas une traînée. C'est juste qu'il n'y a pas grand-chose à faire, ici. Il faut à peine un quart d'heure pour traverser Bank Top, un village sans intérêt en équilibre sur la crête d'une colline, s'étalant sur les deux versants en deux grands lotissements. Son point culminant offre une vue panoramique du Lancashire industriel. Usines, entrepôts, rangées interminables de maisons jumelées en briques rouges, et à l'horizon, une bande gris-vert de lande aride. Au sud, il y a une antenne de télévision sur laquelle un avion allemand est censé s'être crashé, il y a cinquante ans. Au nord, Blackpool Tower se détache à peine du ciel. J'ai passé des heures à m'user les yeux pour tenter d'apercevoir ses lumières multicolores, mais elles sont trop loin.


Kate Long
Professeur d'anglais, Kate Long est mère de deux jeunes enfants qu'elle élève avec son mari à la campagne, à la limite du Pays de Galles. C'est pour se détendre qu'elle se met à écrire et son premier roman, Le Manuel de la mauvaise mère, se place directement en tête des ventes en Angleterre !
Inconnue il y a encore à peine quelques mois, Kate Long a désormais quitté son poste d'enseignante pour se consacrer entièrement à l'écriture de ses prochains romans.


biz
Meg
 

Marikolette

Administratrice
Membre du personnel
#2
Ooooooo je ne connais pô :oops: ...

Merci meganette, je vais m'y attacher dès potron minet :wink: !